SOIRÉE TECHNIQUE 09/10/2014

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À Digoin, le lycée Camille- Claudel peine à attirer les jeunes vers son BTS IPM (industrialisation des produits

mécaniques). Un diplôme pourtant synonyme de travail assuré à la clé.

 

VIDEO 2014

 

VIDEO 2013 (Rappel)

 

Ils ont 20 ans, sont diplômés depuis juillet dernier, et déjà embauchés. Un parcours rêvé et surprenant, surtout lorsque l’on connaît leur domaine d’activité : l’industrie. Cette

voie royale, Antoine, Guillaume, Mao et les autres l’ont emprunté en obtenant leur BTS IPM au lycée de Digoin. « j’avais fait un stage là-bas en cours d’année, ils m’ont

embauché directement après les examens », raconte Antoine, désormais salarié de l’entreprise MG Odin à Charlieu.

Comme lui, ses camarades de promotion n’ont pas trop de soucis à se faire pour trouver un emploi. Car depuis quelques années, les entreprises s’arrachent littéralement ces étudiants formés à la conception et à la réalisation de pièces industrielles. « On ne trouve plus de techniciens, se désespère Sylvain, un ancien élève de l’établissement qui travaille aujourd’hui dans un grand groupe automobile. On est parfois obligé de refuser des marchés, d’être frileux, parce qu’on n’a pas la main-d’œuvre en face. La stratégie aujourd’hui, c’est la débauche. On fait appel à des chasseurs de tête. Un jeune qui sort de BTS IPM, on se l’arrache ! Il passe un entretien juste par principe. »

Des places à prendre. Ce désarroi est partagé par Louis Berthier, chef des travaux au lycée Camille- Claudel. Depuis la rentrée de septembre, la formation accueille neuf élèves en première année, et huit en seconde. Loin des quinze places disponibles par promotion. Une désaffection qui va croissante au fil du temps. Alors que trois établissements dispensaient

auparavant cette formation en Bourgogne, Digoin est désormais le dernier.

1. Le BTS IPM permet aux élèves d’acquérir notamment de nombreuses connaissances dans l’usinage et le

tournage.

2. L’établissement digoinais dispose de machines dernier cri.

3. Cette année, trois jeunes filles composent l’effectif. 

« On rame, avoue Louis Berthier. On fait tous les salons d’orientation mais on ne sait plus comment promouvoir la filière. Avant, on avait des jeunes qui aimaient abriquer, construire. Aujourd’hui, de plus en plus arrivent ici par hasard. » Michel Noël, enseignant, constate de près le phénomène. L’an dernier, sur les huit élèves inscrits, un seulvenait de la mécanique. « Et pourtant, on les emmène tous au BTS avec un excellent taux de réussite, dit-il. On a même des jeunes filles qui s’y épanouissent. » Un bon salaire mais un déficit d’image. Pour lui, cette pénurie d’élèves s’explique surtout par le déficit d’image dont souffrent les filières techniques. Des idées reçues qui ne colleraient plus du tout avec la réalité du métier. « On porte encore des blouses, oui, mais le boulot a bien changé. Ce n’est plus le même qu’il y a trente ans. Aujourd’hui, on travaille sur des ordinateurs, on

cherche des gens capables de piloter des machines à 300 000 €. »

Diplômé en 2000, et salarié depuis douze ans à la Sagem Montluçon, Pierre-Emile raconte que son entreprise recherche une dizaine d’usineurs. Sylvain explique, lui, que «

si on en voyait trois, on prendrait les trois ». Avec des perspectives intéressantes à la clé. « Un jeune qui sort d’école monte rapidement cadre et touche un très bon salaire.

Facilement 1 800 à 2000 € bruts pour commencer et, en cinq ans, il peut être au-dessus de 3 000 €. »

Michel Noël, enseignant en BTS IPM au lycée Camille-Claudel “Nous avons une formation de qualité, un parc technique haut de gamme, mais personne à former…”